Demarche
En regardant les étoiles, je me suis questionnée sur la place que nous prenons dans l’univers, le côté éphémère et fugace de notre passage sur Terre, de nous être vivants, humains, animaux et végétaux. L’existence de toute forme de vie est limitée dans un temps, une époque, une ère. La mémoire s’efface et ce qu’il en restera… une trace, un vestige, un fossile. C’est ainsi que j’ai créé une nouvelle mythologie qui racontera aux civilisations futures notre présent, alimentée de faits mais surtout de légendes.
Inspirée par la science-fiction avec les futurs dystopiques de Dan Simmons, Pierre Bordage, Isaac Asimov, qui nous questionnent sur l’avenir de l‘humanité sur Terre ou ailleurs ; par les jeux vidéo avec l’univers fantastique de Shigeru Miyamoto mêlant nostalgie, aventure et poésie ; et par les dessins animés, Albator et Ulysse 31 qui ont bercé mon enfance en me faisant voyager dans l’espace à la découverte de mondes inconnus.
Je m’inscris en tant qu’artiste dans une mouvance surréaliste fantastique. A l’instar de l’artiste canadienne Ellen Jewettet du japonais Akishi Ueda, des artistes sculpteurs qui mettent au cœur de leur travail des créatures animales et légendaires, je crée des personnages mythologiques avec une esthétique sobre, poétique décrivant une nouvelle dimension temporelle.
La sculpture figurative s’est imposée comme le meilleur moyen de rendre palpable des concepts comme l’héritage des civilisations humaines et la temporalité des êtres vivants sur Terre. Et c‘est en donnant à mes œuvres un caractère sacré et mystique qu’ils prennent une dimension philosophique.
C’est ma rencontre avec la porcelaine froide qui m’a permis d’approfondir dans la légèreté et la finesse. Je l’associe au fil de fer, à la résine, au carton et crée mes propres techniques et mélanges. Je travaille avec des couleurs comme la rouille, le vert de gris, le métal oxydé, rappels du passé, et surtout avec le noir, l’or, l’argent, le cuivre pour donner un aspect précieux et divin à mes œuvres.
Le spectateur, attiré par l’esthétique aérienne et fantastique, se trouve projeté dans un futur où notre histoire est racontée au passé, au travers d’une mythologie animiste, sensible et non culpabilisante. Une vision surréaliste de notre monde tel que nous le connaissons, qui apporte une certaine nostalgie et un nouveau regard sur ce qui nous entoure.
Biographie
matériaux et
Elle commence toujours par une armature en fil de fer, qu’elle habille de porcelaine froide.
Elle procède par étapes successives entrecoupées de phases de séchage afin d’aller de plus en plus dans les détails. C’est tout un rituel qui se met en place… Tordre le fil de fer, souder, façonner l’armature, appliquer la porcelaine froide, modeler les formes, sculpter les détails, laisser sécher, creuser d’autres détails une fois la sculpture sèche, texturer, résiner, peindre ou appliquer des pigments, vernir, ajouter des éléments qui peuvent être en carton, en metal, en plastique, en résine…
C’est un travail qui se mûrit en amont et ne laisse pas de place au hasard. Il y a une réflexion sur le sujet, l’histoire qu’elle veut raconter, mais aussi une réflexion sur la technique, comment concrétiser l’idée. Trouver les bons matériaux, améliorer; expérimenter des techniques, ou en inventer de nouvelles…
L’univers de virginie gribouilli
Virginie Gribouilli, artiste-sculpteur.
Ses inspirations…
Elle est une grande adepte de la peinture et de la sculpture classique. Du moyen-âge à la renaissance, jusqu’à l’expressionnisme allemand.
Très inspirée également par la science fiction, l’univers post apocalyptique et le cyber punk et baignant dans la musique metal qui est une source inépuisable de réconfort.
Ayant un grand attrait pour l’introspection et se sentant proche de la nature, avide de connaissance sur l’univers, la physique quantique, et les forces qui régissent notre galaxie c’est avec une grande curiosité qu’elle s’intéressa aux croyances animistes, aux mythologies de civilisations qui racontent comment nous humains nous racontons notre place dans le monde, au sein de la nature et de tout ce que nous ne savons pas ni ne pouvons expliquer sur notre raison d’être.
C’est cette soif de connaissances et cette envie d’évasion qui donna envie à Virginie Gribouilli d’explorer sa propre mythologie, sa propre science fiction, sa vision du monde et de l’avenir de l’homme et de la nature sur Terre.
Elle se sent proche du Surréalisme fantastique incarné dans la sculpture aux Etats Unis par des artistes comme Ellen jewett, Forest Roger ou encore Kris Kuksi, ainsi que le Dark Art movement qui rassemble des artistes qui ont une esthétique macabre, avec une forte dominance du noir. Un univers sombre, qui nous plonge dans les profondeurs de l’être humain afin de faire notre propre introspection.
Pourquoi la sculpture, et pourquoi cette matière…
Elle travaille en majorité avec la porcelaine froide, le fil de fer, et la résine transparente. Elle tient au maximum à maîtriser sa création dans toutes ces dimensions et cela passe aussi par la fabrication de sa matière première, la porcelaine froide. Cette pâte a beaucoup d’avantages plastiques et permet à Virginie de créer ses silhouettes filiformes en allant à l’extrême dans la finesse et la légèreté. C’est grâce à cette matière qu’elle a pu créer cette esthétique unique et reconnaissable qui maintenant se développe dans plusieurs directions.
La sculpture était une évidence, car elle aime travailler la matière, et ce sentiment de donner vie à un objet physique. Choisir la figuration dans un univers surréaliste fantastique est le meilleur moyen de raconter une histoire, de plonger le spectateur dans une réalité palpable en l’entrainant dans un univers mythologique et fantasmé.
interview
quelques
texte
« L’ombre est la personnification de tout ce que le sujet refuse de reconnaître et d’admettre en lui. Se mêlent en elle les tendances refoulées du fait de la conscience morale, des choix qu’il a faits pour sa vie ou d’accéder à des circonstances de son existence, et les forces vitales les plus précieuses qui n’ont pas pu ou pas eu l’occasion d’accéder à la conscience »
Carl Jung
Carl Gustav Jung pensait qu’au bout de la pénible exploration de notre inconscient se trouvait la découverte du soi, notre lumière intérieure, la part de sagesse divine enfouie au plus profond de nous-mêmes. Mais le psychiatre suisse affirmait qu’avant d’arriver à cette lumière, l’explorateur devait d’abord rencontrer un personnage qu’il a appelé l’ombre.
L’ombre peut être définie comme notre double inversé, celui ou celle que nous aurions pu être, mais que nous ne sommes pas. C’est notre face obscure, elle contient l’ensemble des traits de caractère qui n’ont pas pu se développer dans notre personnalité. Elle symbolise en quelque sorte notre frère jumeau opposé qui est caché dans les profondeurs de notre inconscient.
Daniel Cordonier
© 2018 Virginie Gribouilli